Beautiful Instagram :
À l’école de la frustration 2.0
Aaaah, Instagram. On scrolle, on like, on admire, on se compare et on en repart souvent frustrés, envieux. Parfois même abattus, blessés dans sa self-estime, jusqu’à la dépression pour les plus fragiles d’entre nous. Des études scientifiques l’attestent : Instagram est le réseau social le plus nocif. En cause ? Des photos et des « beautiful people » trop beaux pour être vrais. Filtres, mises en scène : plongée dans les coulisses dark des filtres « magiques »… question de doper notre self-estime et notre regard critique.
FACETUNE, VISAGE LAB ET RELOOK
« POUR UN WEB PLUS BEAU »…
Les filtres ? C’est le Graal sur Insta. Et pour cause. Une étude Yahoo Labs et Georgia Tech, après analyse de près de 8 millions de photos sur le réseau social, a démontré que les photos modifiée ont 21% de chances supplémentaires d’être vues… et reçoivent même 45% de commentaires en plus.
« Si tous perfectionnaient leurs portraits avec Visage Lab, le monde du web pourrait être si beau ! »
Appli Visage Lab
Certains vont même plus loin, comme Visage Lab qui ne nous demande même pas notre avis. Son algorithme de recherches de visages nous retouche automatiquement. Unification du teint, suppression de « l’effet graisseux », des imperfections de la peau (« en gardant les grains de beauté »), dents et fonds des yeux blanchis… Nous voilà « sublimée » par une machine qui a trouvé en quelques clics tout ce qui n’allait pas chez nous : merci la confiance en soi !
Et l’app de préciser : « Si tous perfectionnaient leurs portraits avec Visage Lab, le monde du web pourrait être si beau ! » Littéral. Terrifiant.
Big is beautiful
Leçon de relooking avec les tops Plus Size
Ashley Graham, Tara Lynn et Candice Huffine, les tops les plus cotées de la mode Plus Size, nous confient leurs meilleures astuces mode.
KIM KARDASHIAN, PARIS HILTON, BEYONCÉ…
OUPS, LES FAILS INSTA !
Mais le mieux étant l’ennemi du bien, gare aux retouches grossières et maladroites. De célèbres influenceuses en font régulièrement les frais, épinglées par une communauté visiblement plus observatrice que les intéressées elles-mêmes.
Un ventre top plat qui déforme le décor, des parties du corps amincies à l’extrême qui disproportionnent la silhouette, et le fail devient la risée du web. Mais que ça fait du bien de constater que, décidément non, ce n’est PAS la réalité.
1. Kim Kardashian amincit son ventre… et déforme le carrelage. / 2. Beyoncé au golf avec un tigh gap (espace entre les cuisses) exagéré et maladroit…
1. Ariana Grande retravaille les proportions de ses bras… et allonge exagérément sa main. / 2. Paris Hilton, bras affinés mais coude surdimensionné.
INSTAGRAM :
LE RÉSEAU SOCIAL LE PLUS « NOCIF »
Le problème ? Ces clichés irréels voire ovniesques ont des conséquences. Une étude de la Royal Society for Public Health avec l’université de Cambridge a interrogé 1500 personnes âgées de 14 à 23 ans. Conclusion ? Instagram est le réseau social le plus nocif, en particulier auprès des jeunes femmes, chez lesquelles le scroll de plus de deux heures par jour provoquerait « un sentiment systématique de détresse psychologique ».
« Les réseaux sociaux sont devenus un espace de compétition, il y a des perdants et peu de gagnants. »
Royal Society for Public Health et Université de Cambridge
« Avec les réseaux sociaux, on a découvert que l’image de soi était devenue une nouvelle manière d’exister. Mais, cette tendance, où le paraître l’emporte sur l’être, a une valeur tyrannique. (…). L’image est devenue un enjeu trop existentiel, conduisant certains à totalement s’effondrer. »
Solitude, dévalorisation, anxiété, stress. Les réseaux sociaux, et Instagram en particulier, soufflent le chaud puis le froid : sentiment d’appartenance à une communauté, flatterie de son ego tandis que, dans le même temps, on se sent toujours plus isolé et dénué de valeur…
Les auteurs de cette étude ajoutent : « Les réseaux sociaux sont devenus un espace de compétition, il y a des perdants et peu de gagnants. (…) Il faut faire son personnal branding en permanence. Et pas seulement pour la vie professionnelle. Résultat, les « moi » les plus fragiles se sentent challengés. Ce phénomène touche surtout les personnes en quête de reconnaissance ou les personnes en situation précaire qui doivent faire leurs preuve, mais aussi les ados. »
PRESCRIPTION ?
UNE BONNE DOSE DE #BODYPOSITIVE
Ouf, la résistance s’organise ! Dans ce concert de corps et de visages trop parfaits, des femmes se mobilisent pour montrer la diversité des corps. Sous des hashtags comme #bodypositive, #skinpositivity ou #sideprofileselfie, elles dévoilent leur cellulite, boutons d’acné, vergetures et autres détails à l’esthétique moins normée.
… ET UN CONNEXION PLUS MODÉRÉE
Mais le meilleur palliatif reste la distance. Un signe qui ne trompe pas ? Les réseaux sociaux subissent un recul de fréquentation, pour la première fois de leur histoire.
Une étude Ifop / Le Parisien observe qu’un quart des français envisagent « de supprimer prochainement » leur compte Facebook. Ils sont même 30% de twittos à y songer, 19% de membres Instagram et 22% sur Snapchat.
En cause ? Principalement des inquiétudes sur l’usage de leurs données personnelles (65% des sondés envisageant une suppression de leur compte), mais pas seulement… Le vent de nouveauté et l’attrait de la curiosité semble s’étioler. On arrive à l’ère de la méfiance, de la vérification de l’information dans un monde saturé de news, d’images, de vidéos, jusqu’à l’overdose.
#DeleteFacebook, #DeleteInstagram, et si c’était tout simplement ça, la solution au malaise 2.0 ?
Pour aller plus loin :
Psychologies Magazine / FOMO : comment empêcher les réseaux sociaux de nous stresser ?